La sueur et la poussière : Une histoire environnementale des mondes du travail
19 juin 2024 > 21 juin 2024 - UNIVERSITÉ TOULOUSE - JEAN JAURÈS - Toulouse
Colloque conjoint du RUCHE et de l’AFHMT
La nature au travail
L’un des enjeux centraux du colloque sera de parvenir à « dévoiler » davantage encore « les
connections entre le travail des humains et le travail de la nature », comme y invitait Richard White
dans son article programmatique de 1996. Pour cela, il s’agira d’abord d’envisager les activités de
travail comme un ensemble de pratiques, de savoirs, de techniques et d’institutions ayant contribué
historiquement à la mise en ressource de la nature, c’est-à-dire à son exploitation, mais aussi à son
aménagement et à son amélioration en vue de la rendre plus productive.
Environnements de travail
S’appuyant sur la géographie historique, de nombreuses études d’histoire ou d’anthropologie rurale
ont montré comment le travail agraire ou pastoral avait façonné de longue date les environnements
et les paysages, de sorte qu’il faut les regarder comme des formes hybrides résultant de processus
inséparablement naturels et sociaux (Digard, 1982 ; Barca, 2013 ; Stagno et al., 2021) – ce que
William Cronon avait proposé de théoriser avec sa notion de « seconde nature » dans Nature’s
Metropolis (Cronon, 1991). En parallèle, d’autres auteurs s’inscrivant dans d’autres champs de
recherche ont forgé des outils conceptuels pour penser l’écologie des lieux de travail (McEvoy,
1995 ; Andrews, 2008) pendant que l’histoire de la santé a rouvert des questionnements sur la
matérialité de ces lieux (Bluma et Rainhorn, 2015). Partant de là, ce colloque voudrait ouvrir une
réflexion plus large sur l’histoire environnementale des lieux et des espaces du travail, en allant du
champ à l’usine en passant par le navire et la mine.
Conflits socio-environnementaux dans les mondes du travail
L’analyse des conflits socio-environnementaux représente un autre angle d’approche
potentiellement fructueux dans la perspective d’une histoire environnementale des mondes du
travail. De trop rares travaux se sont intéressés aux conflits entre différents mondes socio-
professionnels autour des usages d’un environnement donné. Certains auteurs ont proposé la
notion « d’écologie morale » afin de comprendre les ressorts de ces mobilisations (Jacoby, 2003 ;
Santiago, 2006), mais il serait bienvenu d’explorer davantage les tensions qui peuvent s’exprimer,
par exemple, entre paysans ou pêcheurs et néo-ouvriers lors de l’industrialisation de certains
territoires. Il s’agirait aussi d’éclairer dans quelles conditions se construisent des arrangements entre
ces différents groupes professionnels.
Vers une histoire du travail environnemental
L’ambition de ce colloque serait enfin de parvenir à articuler ces approches relevant d’une histoire
environnementale du travail à une approche relevant plutôt de ce qu’on propose d’appeler une
histoire du travail environnemental. Il s’agirait, en somme, d’essayer de considérer comme du travail
les activités de garde, de surveillance et de protection, mais aussi d’inventaire, de cartographie,
d’expertise voire d’ingénierie qui visent à préserver, conserver ou restaurer la nature.